Dernière mise à jour: 19 janvier 2021
Notre économie aggrave la situation de la plupart des Canadiens. Les emplois ne suffisent plus pour la plupart des gens, car les salaires ne suivent plus l‘augmentation du coût de la vie. L’une des raisons principales ayant conduit à ce déclin est le fait que la technologie coûte moins cher que la main-d'œuvre. Nous nous trouvons dans la quatrième révolution industrielle et la suppression des emplois s'accélère alors que les salaires diminuent.
Nous pouvons rectifier le tir—et retrouver notre prospérité—avec le RBU de relance économique.
Les Canadiens ne peuvent pas attendre. Il nous faut un RBU de relance économique MAINTENANT. Si nous ne mettons pas ces mesures en place tout de suite, la reprise économique au Canada laissera des séquelles plus graves encore, tout comme celles laissées par les reprises précédentes. Le RBU de relance économique est le moyen par lequel nous pouvons assurer une reprise économique plus équitable et plus rapide pour tous.
Dans cet article :
Une reprise économique post-pandémie sans un revenu de base universel ne fera qu’aggraver la situation d’une grande partie de la population, tout comme lors des reprises précédentes. Cette fois-ci, nous pouvons bien faire les choses : une allocation universelle de 500 $ par mois pour tous les adultes, qui peut être majorée pour garantir à chaque individu un revenu de 2 000 $ par mois (1 500 $ pour les familles comptant plusieurs adultes, permettra d’accélérer la reprise économique et d’améliorer le sort des Canadiens.
Le RBU de relance économique amène deux solutions complémentaires qui aident à résoudre différents problèmes :
1. L’allocation universelle (RBU) se base sur le principe que les emplois ne suffisent plus pour la majorité des gens. Les revenus ne suivent pas le rythme de l’augmentation du coût de la vie parce que la technologie coûte moins cher que la main-d'œuvre. Le RBU donne à chacun d’entre nous une part de notre économie, offrant à tous les Canadiens une base solide pour une prospérité partagée alors que nous traversons l’ère déstabilisante des progrès technologiques et de l'automatisation des emplois.
2. Le revenu minimum garanti (RMG) nous permet de gagner du temps en nous évitant de tomber dans la pauvreté. Il constitue une voie d’accès à la classe moyenne. Il permet de lutter contre les inégalités en matière de qualité d’emploi en garantissant à tous les Canadiens, notamment les personnes âgées et les personnes handicapées, de percevoir un revenu annuel supérieur à 24 000 $. Il peut remplacer les programmes de soutien aux personnes à faible revenu par un système plus efficace et moins coûteux qui traite chaque individu avec dignité.
Bien que ces deux programmes soient souvent désignés « revenu de base », ils sont en effet deux programmes distincts qui sont normalement mis en place séparément. Néanmoins, ils sont complémentaires, et tous les deux nécessaires. Un sans l'autre n'apporte qu’une solution incomplète. Aucun des deux ne peut suffire à lui seul pour faire face aux changements structurels qui ont en quelque sorte paralysé notre système économique et aux forces qui continueront à aggraver la situation. Ensemble, ils garantissent à tous les adultes canadiens un revenu d'au moins 24 000 $ par année (18 000 $ s'ils demeurent avec leur famille), y compris les aînés et les personnes handicapées.
Des programmes tels que le revenu minimum garanti permettraient de sortir la population de la pauvreté—une grande réussite sociale en soi—mais de telles solutions ne suffisent pas à relever les défis de notre économie du 21e siècle, où la croissance des salaires est dissociée de la productivité et de la croissance économique.
Une allocation universelle donne à tous les Canadiens une part de notre économie.
Un RBU contribue à la création d’une société mieux organisée où chaque individu bénéficie des richesses créées par l’introduction des technologies dans le monde du travail. Il établit une corrélation entre la croissance économique et l’augmentation de la productivité technologique, d’une part, et l’amélioration de la qualité de vie, d’autre part. Le RBU permet de protéger et de renforcer la classe moyenne, ce qui constitue le symbole d’une démocratie prospère.
Les Canadiens ont toujours été conscients que les politiques durables à long terme sont celles auxquelles tout le monde contribue et qui profitent à tout le monde, tout comme le système de santé universel. Il est donc important que tous les Canadiens aient le droit de recevoir leur part du RBU de relance économique, même s’ils n’en ont pas expressément besoin, de la même façon que chacun peut se faire vacciner gratuitement contre la grippe, peu importe ses revenus. Toutefois, il faut également reconnaître que les besoins de certains Canadiens sont plus importants et plus pressants que d’autres. C’est pourquoi notre système de santé traite les plus malades en premier. De la même façon, les Canadiens aux revenus les plus faibles seraient les premiers à bénéficier du RBU de relance économique.
Les deux composantes : une allocation universelle égale pour tous et une allocation attribuable selon les besoins, financées par des réformes fiscales réalistes, peuvent permettre d’atteindre la réinitialisation de l’économie dont nous avons tous besoin. (Voir notre article connexe: Comment financer le revenu de base universel).
Quand l’investisseur milliardaire Ray Dalio affirme que le capitalisme ne sert pas tout le monde de la même façon, quand l’ancien Premier ministre conservateur Brian Mulroney dit qu’un revenu minimum garanti doit être considéré comme une « priorité absolue », et que même l’ancien gouverneur de la Banque du Canada Stephen Poloz demande la mise en place d’un programme permanent tel que la PCU, cela laisse croire que le temps des solutions temporaires et des mesures progressives est révolu.
La pandémie de COVID-19 a mis en évidence les conditions de précarité financière affectant les Canadiens depuis longtemps. Beaucoup d’entre nous ont découvert qu’on vivait au bord de l’insolvabilité. Les signes avant-coureurs d’une telle situation étaient clairs, mais sont restés lettre morte. Depuis des décennies, le Canadien moyen constate qu’il est de plus en plus difficile de trouver un travail bien rémunéré et de faire face à la hausse du coût de la vie.
Cette tendance est en grande partie due à l’introduction des technologies dans le monde du travail, diminuant ainsi la valeur de la main-d’œuvre, dans un contexte économique où les machines participent de plus en plus à la création des richesses dans notre société à un coût inférieur à celui des travailleurs. Cette évolution a provoqué un déséquilibre dans la qualité des emplois et la croissance des salaires, faisant en sorte que les Canadiens ont été sous-payés pendant des décennies et se traduisant par des inégalités de richesses de plus en plus marquées et une baisse de la qualité de vie des Canadiens. Une situation qui ne cesse de se détériorer pour la plupart d’entre nous. Une saine économie devrait servir les besoins des gens et non leur nuire.
Nous avons besoin d’un plan qui puisse remédier sans plus tarder aux conséquences de décennies de déclin de la classe moyenne et de la prolifération d’emplois précaires et peu rémunérateurs - un plan qui puisse faire en sorte que l’économie profite à tous.
La situation est plus que préoccupante. La croissance des salaires pour la plupart des gens n’évolue plus au même rythme que la croissance économique et la croissance de la productivité. Les gens travaillent plus dur et plus longtemps et sont de moins en moins rémunérés en comparaison aux générations précédentes.
Ce phénomène se nomme le grand découplage entre la croissance des salaires et la croissance de la productivité. Il est largement considéré comme étant la conséquence des avancées en informatique et en robotique, remontant à la création des ordinateurs centraux dans les années 1960. Tous les pays développés ont vécu cette tendance.
Entre 1976 et 2014, la productivité de la main-d’œuvre au Canada a progressé à un taux de 1,12 % par année, pour une croissance totale de 52,5 %. En revanche, le salaire horaire moyen des travailleurs n’a augmenté que de 0,09 % par année au cours de la même période, soit une croissance totale de 3,3 %.
Le découplage entre la croissance des salaires et la productivité est encore plus prononcé aux États-Unis, où la productivité de la main-d’œuvre a augmenté de 80 % depuis 1973, alors que la rémunération horaire moyenne n’a augmenté que de 10 %.
Source: Economic Policy Institute
Comme le rapport de l’OCDE le démontre:
Même si aucun pays ne peut échapper à l’impact de la technologie sur la stagnation des salaires, une des raisons pour lesquelles la croissance des salaires au Canada a été légèrement supérieure à celle des États-Unis est due aux syndicats :
Les syndicats représentent aujourd’hui environ 11 % des travailleurs américains (moins de 7 % dans le secteur privé), contre une représentation de 28 % dans les années 1960. Au Canada, le taux de syndicalisation demeure supérieur à 30 %, soit un taux proche du pic de 35 % enregistré aux États-Unis au milieu des années 1950.
Dans le marché actuel, la technologie coûte beaucoup moins cher que la main-d’œuvre. Cela se traduit par une hausse des bénéfices au détriment de la classe moyenne et des salaires des travailleurs.
Les économistes qui se sont penchés sur cette question ont démontré que la création de nouveaux emplois n’est pas assez rapide pour remplacer les emplois qui sont perdus à travers l’automatisation, et que cet échec est l’un des principaux facteurs contribuant aux écarts de richesse et de revenu au Canada et dans l’ensemble des pays développés.
Entre 1976 et 2014, la part agrégée des revenus du travail (argent versé à la population active) a chuté de 59,9 % à 53,3 %. Les avancées dans le domaine des technologies et ses effets sur la mondialisation, l’économie du partage et une dynamique où le gagnant emporte tout sont les raisons les plus souvent citées pour expliquer ce phénomène.
Les richesses créées pendant cette période auraient pu contribuer à une augmentation des salaires et à une valorisation de la main-d’œuvre, mais elles sont aujourd’hui reléguées principalement dans les mains des actionnaires et dirigeants. La même chose se produit dans l’ensemble du monde industrialisé. David Autor et Anna Salomons (2018) ont utilisé des données provenant de 28 industries à travers 18 pays développés pour montrer que l’automatisation a eu des effets négatifs importants sur la part du revenu du travail, plus particulièrement depuis le début des années 2000.
Une étude similaire menée aux États-Unis par la Banque fédérale de réserve de San Francisco a révélé que sans l’automatisation moderne, la part des revenus distribués aux travailleurs aurait été beaucoup plus élevée et aurait atteint les niveaux antérieurs aux années 2000.
Cette étude a permis de constater que : « le fait d’avoir la possibilité d’automatiser certains emplois renforce le pouvoir de négociation des entreprises par rapport aux travailleurs. Cela fait qu’on assiste à une stagnation des salaires malgré des gains de productivité. Nous constatons que l’automatisation a contribué de manière substantielle à la baisse de la part des revenus des travailleurs depuis le début des années 2000 ».
« De plus en plus de travailleurs salariés se retrouvent contraints de conserver leurs emplois actuels même s’ils voient leurs salaires diminuer par rapport aux rendements marginaux par souci d’éviter le processus lent et coûteux nécessaire à la recherche d’un nouvel emploi (...)
L’automatisation donne aux employeurs un outil supplémentaire dans les négociations salariales et affaiblit encore plus le pouvoir de négociation des travailleurs. »
Un RBU sous forme d’allocation serait une solution viable pour faire face à la diminution de la part des revenus et du pouvoir de négociation des travailleurs en raison de l’automatisation.
En raison de ces tendances, la plupart des Canadiens ont été sous-rémunérés pendant des décennies, ce qui a entraîné une augmentation des richesses et une inégalité des revenus.
Depuis les années 80, les revenus de la majorité de la population ont ou stagné, ou significativement diminué, tandis que les 1 % et 0,1 % des personnes les mieux rémunérées ont vu leurs revenus augmenter à un rythme effarant. (PressProgress)
Alors que la croissance économique et la hausse en productivité étaient censées favoriser la croissance des salaires pour tous, les salariés médians n’ont bénéficié d’aucune augmentation depuis 40 ans, si l’on en déduit la hausse du coût de la vie. En fait, entre 1982 et 2014, la part des revenus allant des 50 % des Canadiens les moins bien rémunérés a diminué de 28 %, tandis que la part des revenus des 1 % des Canadiens les mieux rémunérés a augmenté de 53 %.
Contrairement aux précédentes vagues d’automatisation, les récents progrès dans le domaine de l’intelligence artificielle mettent en péril autant les emplois des cols bleus que ceux des cols blancs. Nous savons que les travailleurs contraints de quitter leur poste à cause de la technologie perdent jusqu’à 25 % de leurs revenus annuels, 6 ans après leur licenciement. Les travailleurs canadiens avec le plus d’ancienneté qui perdent leur emploi d’origine subissent des pertes de revenus pouvant aller jusqu’à 35 %.
Le RBU de relance économique consiste en une allocation mensuelle de 500 $ pour tous les adultes canadiens, de manière à redistribuer une partie des richesses générées par l’automatisation à tous nos citoyens en les reconnaissant comme actionnaires de notre économie. Cette allocation est une indemnisation pour les décennies de croissance salariale perdue et une base sur laquelle les Canadiens peuvent désormais s’appuyer pour prospérer dans le monde d’aujourd’hui.
Cette allocation devrait croître à mesure que nous continuons d’innover et devenons de plus en plus productif, au point de constituer à elle seule un revenu de base viable. Toutefois, dans le climat actuel, cela est trop coûteux.
C’est là que s’impose la nécessité de prévoir un revenu minimum garanti, l’autre composante du RBU de relance économique.
Un revenu minimum garanti (RMG), également appelé revenu de base garanti (RBG), est un supplément de revenu qui diminue à mesure que le revenu gagné augmente jusqu’à ce qu’il s’annule, de sorte que les Canadiens gagnent toujours plus lorsqu’ils travaillent—éliminant ainsi la pauvreté des travailleurs.
Un revenu minimum garanti devrait être fixé à un seuil qui mettrait pratiquement fin à la pauvreté. Le RBU de relance économique doit donc comprendre un revenu minimum garanti en plus d’une allocation mensuelle de 500 $, garantissant qu’aucun Canadien ne gagne moins de 24 000 $ par année (18 000 $ par année s’il réside avec sa famille).
En plus de l’allocation universelle de 500 $ par mois, le revenu minimum garanti offre des augmentations substantielles aux personnes occupant des emplois à faible revenu.
Ce revenu garanti accorde aux Canadiens une allocation de retour au travail qui est progressivement réduite de 50 cents par dollar de revenu de travail. Cette approche est identique à ce qui a été démontré dans le cadre du projet pilote sur le revenu de base en Ontario, et à la proposition de « Prime de retour au travail » effectuée par le Parti Conservateur et le Bloc Québécois concernant la Prestation canadienne d’urgence (PCU), de manière à inciter les Canadiens à retourner au travail lorsque notre économie sort de la crise.
Nous nous trouvons au milieu de la quatrième révolution industrielle, où l’adoption rapide de l’intelligence artificielle et de l’automatisation affecte tous les Canadiens, quel que soit leur niveau de revenu.
Près de la moitié des tâches que les Canadiens accomplissent au travail aujourd’hui risquent fortement d’être automatisées au cours des 10 à 20 prochaines années. Les emplois les plus à risque sont également nos emplois les plus courants : les camionneurs, les commis-vendeurs, les employés de bureau et du personnel administratif ainsi que les travailleurs de l'industrie alimentaire.
Dans toute révolution industrielle, il se produit à la fois un changement dans la valeur du travail humain pour la plupart des travailleurs et une augmentation de la demande d’une main-d’œuvre plus qualifiée. Ce même phénomène se produit à travers les pays développés—et au Canada, ce sont les travailleurs à faible revenu qui sont les plus durement touchés.
La technologie a également provoqué l'érosion de la classe moyenne au cours des dernières décennies. Depuis les années 1970, la proportion des emplois à revenu moyen a considérablement diminué, au profit d’une part croissante d'emplois à salaire élevé et une part encore plus importante d'emplois à salaire bas.
De plus en plus de Canadiens sont contraints d'accepter des emplois mal rémunérés et de mauvaise qualité. Ces Canadiens sont confrontés à une crise de revenu, une cause sous-jacente de nombreuses autres crises que nous connaissons tous : la hausse des niveaux d’endettement, le prix exorbitant des logements, la précarité des travailleurs et la baisse de la sécurité du revenu des travailleurs à temps partiel.
Ce n'est pas ainsi qu'une économie devrait fonctionner. Afin que les gens puissent avoir confiance en leur avenir et celui de leurs enfants, il faudrait voir la proportion des emplois à faible revenu diminuer, et non augmenter, et les citoyens gravir les échelons de l’échelle économique. Ce n'est pourtant pas ce qui se produit ; nous avons plutôt créé une société à deux vitesses.
Un revenu minimum garanti rétablit les voies d’accès à la classe moyenne, permettant aux citoyens d’échapper au cycle vicieux, ce qui semblait auparavant impossible. Cela donne aux travailleurs licenciés la possibilité de se former et d’acquérir de nouvelles compétences, au lieu de se précipiter vers le premier emploi disponible.
Un revenu minimum garanti offre aux gens un moyen décent de subsistance pendant qu’ils cherchent un emploi qui leur convient. Cela leur donne une marge de manœuvre pour négocier un meilleur salaire et de meilleures conditions de travail, un moyen de compenser les décennies de déclin dans la qualité des emplois et des revenus au Canada et à travers le monde industrialisé.
Nous avons observé cela avec le projet pilote sur le revenu de base en Ontario, où les deux tiers des prestataires travaillaient déjà. (Plus d’informations dans la section Leçons tirées du projet pilote sur le revenu de base en Ontario ci-dessous.)
La sécurité d’un revenu à long terme donne aux individus la possibilité de négocier des salaires plus élevés, de retourner aux études pour améliorer leurs compétences ou d'envisager d'autres carrières ; des choses qui étaient peut-être hors d’atteinte avant l’instauration d’un revenu de base.
Une quatrième révolution industrielle va nous obliger à gagner du temps les uns pour les autres, afin que chacun ait les moyens de suivre de nouvelles formations et d'investir dans l’acquisition de compétences nécessaires à de nouveaux emplois. Le revenu de base nous permet de faciliter la transition vers les emplois du futur, de manière à ce que personne ne soit laissé pour compte.
En augmentant la tolérance au risque des individus, le revenu de base permettrait à une toute nouvelle catégorie d’entrepreneurs de se lancer, créerait des emplois, stimulerait notre économie et consoliderait le leadership du Canada en matière d’innovation.
Les personnes recevant un revenu de base sont jusqu'à 4 fois plus intéressées par l'entrepreneuriat. Le revenu garanti de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) a amené les Canadiens à démarrer de nouvelles entreprises ou à trouver de nouvelles formes de travail pour contribuer à la communauté.
Il donne aux étudiants la liberté de se concentrer sur leur éducation, mais permet aussi de reconnaître le travail des soignants et des bénévoles, qui exercent un des métiers les plus exigeants mais aussi un des plus importants au sein de notre société. Il vient combler un vide pour les millions de travailleurs temporaires au Canada qui ne bénéficient pas de prestations d’emploi et qui ne peuvent donc pas bénéficier de l’assurance-emploi lorsque les possibilités d’emploi diminuent.
Lorsque les gens jouissent de la sécurité économique d'un revenu garanti, ils sont plus enclins à prendre des risques qui seraient bénéfiques à leur carrière, leur famille et leur communauté.
Les programmes offrant un revenu minimum garanti, comme le projet pilote sur le revenu de base en Ontario, permettraient à tous les Canadiens de vivre au-dessus du seuil de pauvreté—ce qui est déjà une grande réussite sociale en soi. Ce nouveau revenu de base permettrait de sortir les gens des centaines de subventions conditionnelles actuellement en vigueur qui imposent des critères d’admissibilité complexes et arbitraires. De tels programmes libèreraient ceux en situation de handicap ou à la retraite de la crainte de voir leurs prestations perdues ou diminuées.
Cela peut être particulièrement libérateur pour les personnes vivant dans la pauvreté. Un programme de soutien inconditionnel élimine la stigmatisation liée à la réception de cette allocation et soutient les gens dans leur recherche d’un niveau de revenu plus élevé. Beaucoup choisissent de retourner à l'école, de démarrer une entreprise ou de faire du bénévolat dans leur communauté.
Le projet pilote sur le revenu de base en Ontario a aidé Luis et Leanna à bâtir à Lindsay, en Ontario. (Crédit : Humans of Basic Income, par Jessie Golem.)
Une enquête menée en 2020 auprès des prestataires du projet pilote en Ontario a révélé que plus du tiers des personnes ayant travaillé de façon continue ont vu leur salaire horaire augmenter après le début du programme de revenu de base. Plus d'un quart des répondants ont choisi de suivre un programme d'éducation ou de formation.
Le projet pilote en Ontario nous montre que le revenu de base aide les Canadiens à hausser leur niveau de vie et à être en meilleure santé, tout en leur donnant la possibilité de vivre pleinement et de contribuer plus activement à leur communauté.
Il ne peut y avoir de reprise économique solide et équitable tant que le 50 % des travailleurs canadiens les moins rémunérés continuent de subir une stagnation salariale qui n’arrive plus à compenser la hausse du coût de la vie. Un revenu minimum garanti est donc une nécessité pour assurer une reprise économique plus équitable et plus rapide.
Selon le Bureau parlementaire du budget, un tel programme pourrait être déployé à l’échelle nationale pour un budget annuel de 96 milliards de dollars seulement. Cette solution reste toutefois encore insuffisante dans une économie du 21e siècle où la croissance de la prospérité économique ne contribue plus directement à la prospérité personnelle de la plupart des Canadiens.
Tant qu’il n’existe pas de volonté politique pour soutenir un programme de RBU ayant la capacité de résoudre la pauvreté, la meilleure solution serait de combiner les deux programmes, puisque chacun résout des problèmes différents à des niveaux de coûts différents. Le problème de la précarité peut être résolu grâce à un revenu minimum garanti et le soutien de la classe moyenne, en faisant en sorte que l’économie profite à tous.
La proposition de UBI Works pour le RBU de relance économique réunit ces deux approches pour former la base d’une reprise économique post-pandémie plus équitable et plus rapide qui assurerait à tous les Canadiens un avenir bien meilleur.
Il y a déjà eu deux programmes qui ont été mis en œuvre conjointement par le passé. Au Canada, les personnes âgées bénéficient du Supplément de revenu garanti (SRG), un revenu de base garanti calculé en fonction des besoins, octroyant jusqu’à 10 996 $ par année aux personnes célibataires et davantage pour les couples. L’autre composante du programme est la Sécurité de la vieillesse, un programme fondé sur les droits qui prévoit des allocations mensuelles totalisant jusqu’à 7 362 $ par année aux personnes âgées pour leurs années de travail au Canada. Les personnes âgées ne dépendent pas d’un seul de ces deux programmes - elles bénéficient plutôt d’une formule hybride. Cette approche a fait ses preuves pour les personnes âgées et pourrait tout aussi bien fonctionner pour tous les Canadiens si le RBU de relance économique était mis en œuvre.
À l’heure actuelle, la meilleure chose pour le Canada est de lancer les deux programmes. Une allocation mensuelle de 500 $ et un revenu minimum garanti de 2 000 $ aideront des millions de Canadiens à survivre à une longue période de reprise économique sans emploi. Ces programmes pourraient être mis en œuvre sans délai en exerçant une pression politique suffisante.
Cependant, si l’allocation était suffisamment élevée (1 500 à 2 000 $ dollars par mois), elle pourrait, à elle seule, avoir les mêmes effets qu’un revenu minimum garanti. De plus, elle permettrait de rationaliser davantage les services publics et d’accroître l’incitation au travail puisque cette allocation est intégralement conservée, quels que soient les revenus. Compte tenu du coût initial, un tel changement serait extrêmement difficile dans le contexte d’une reprise post-pandémie.
Le RBU de relance économique admet toutefois cette éventualité, en prévoyant un réajustement progressif de l’allocation jusqu’à ce qu’elle coïncide entièrement avec le revenu minimum garanti. En poursuivant cet objectif, nous pouvons bâtir une économie où chaque Canadien a le droit de profiter des richesses de notre abondance actuelle tout en rejetant l’idée qu’une économie de pénurie doive exister pour qu’une société soit productive.